Un germe d'espoir

Sécurité alimentaire en Syrie

Ce matin, Basma est descendu dans le jardin. Sa mère Raja lui a demandé d'aller chercher des oignons, des graines germées, de la coriandre et de la salade pour préparer le petit déjeuner traditionnel. Basma a planté ces ingrédients avec ses parents, et ce grâce aux semences et aux plants qu'ils ont reçus de l'école d'agriculture biologique. Hier, l'école leur a aussi donné un kilo de pain : « Il a le goût du pain que ma grand-mère faisait avant qu'elle ait dû s'enfuir de son village », se souvient Raja. Le fait qu'ils puissent maintenant cultiver leurs propres fruits et légumes remplit de joie de Basma et sa famille. Malgré les nombreuses incertitudes liés à une guerre qui a déjà duré neuf ans, ils ne perdent pas espoir : lorsque les routes sont fermées, que vous ne pouvez pas quitter votre maison sans craindre pour votre vie et que vos économies s'épuisent, il est particulièrement utile d'avoir des aliments qu'on cultive soi-même.

Contexte

Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, la souffrance du peuple n’en finit pas. Sur les 21 millions de personnes qui vivaient en Syrie, environ 12 millions se sont enfuies et sont actuellement en déplacement, dans le monde et à l’extérieur pays. Depuis le début de l’année 2020, les conflits armés ont aggravé la situation des populations du nord-ouest de la Syrie, où 2 millions de Syriens d’autres régions du pays ont trouvé refuge (PAM, 2020a). Plus de la moitié de la population syrienne a besoin d’aide humanitaire. Quelque 6,5 millions de Syriens ne mangent pas à leur faim (PAM, 2020b). Les principales raisons de cette crise alimentaire sont la destruction ciblée de terres agricoles, d’exploitations agricoles, de banques de graines et de réservoirs d’eau. Il devient ainsi impossible de cultiver des aliments et la faim devient une arme de guerre. En outre, les infrastructures fortement endommagées et les barrages routiers entravent l’acheminement de nourriture vers tous les habitants du pays. Tout cela entraîne une hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires. Par ailleurs, de nombreuses familles ont dû abandonner leurs maisons et leurs terrains pour s’enfuir, et n’ont à présent plus la possibilité de cultiver leurs propres aliments. Or, pour protéger les personnes menacées par la faim, il est essentiel de leur permettre de produire des aliments de manière autonome (FAO, 2020 ; WoS, 2017).

En 2010, le « Printemps arabe » a été déclenché dans de nombreux pays arabes. Des manifestations y ont eu lieu en faveur de la dignité humaine, de la liberté, de l’État de droit et du développement économique. La Syrie a également connu le printemps arabe, mais ce dernier a été réprimé par le gouvernement de Bachar al-Assad. Des conflits ont éclaté entre le gouvernement et les populations. Ces événements se sont accompagnés d’une invasion de groupes armés, de conflits religieux et ethniques et d’affrontements autour des régions kurdes du nord de la Syrie. En outre, des puissances régionales et mondiales telles que l’Iran, la Russie, les États-Unis, la Turquie, mais également des groupes armés non étatiques comme le Hezbollah se sont immiscés dans le conflit. Quand le gouvernement syrien commença graduellement à perdre le contrôle du pays en 2013, il fut soutenu par l’Iran et le Hezbollah. La Russie devient elle aussi l’alliée du gouvernement syrien, tandis que la Turquie et d’autres puissances se positionnèrent clairement contre le gouvernement et apportèrent ici et là leur soutien à l’opposition. Des années de guerre s’en suivirent.
Aujourd’hui, de grandes parties du territoire sont de nouveau sous le contrôle total du gouvernement syrien. Les conflits militaires se limitent actuellement principalement à la région d’Idlib, dans le nord-ouest. Le processus de paix en Syrie reste très complexe et n’est pas facile à mettre en œuvre sous le gouvernement d’Assad. Tant que le pays restera instable, les groupes islamistes tels que l’État islamique ou Al-Qaida risquent de revenir en force. Et pendant ce temps, les pourparlers de paix se poursuivent à l’échelle internationale : des négociations sont en cours quant à la manière dont et les conditions dans lesquelles la communauté internationale peut soutenir le processus de reconstruction de la Syrie.

La bonne action

La bonne action d'aujourd'hui aide des familles dans le besoin en soutenant un projet de jardins scolaires et communautaires en Syrie. Ensemble, enfants et adultes apprennent à cultiver des fruits et légumes sains, et ce de manière durable. Ils reçoivent des semences et des plants traditionnels et peuvent, tous ensemble, mettre en pratique les connaissances acquises. Les parents et les enfants transmettent ensuite ce qu'ils ont appris à leurs familles respectives. Une fois le projet terminé, plus de 4 200 personnes sont en mesure de produire elles-mêmes des semences et savent comment s'en servir pour cultiver et de récolter des légumes. Cela leur permet d'être autonomes en temps de crise, leur donne de la force et de la résilience et leur offre de nouvelles perspectives dans leur pays.